A propos du quartet
Les Flâneries musicales de Reims, pour l'édition 2010, proposent à Eric Daniel une création "Pour tout bagage" réunissant sur scène, images, compositions et improvisations.«
Hier soir, dans la salle multiplex Gaumont de Thillois, la partition de Pour tout bagage, création originale du guitariste Éric Daniel, a relevé le défi... »
Mathieu LIVOREIL L'Union
"Pique assiette"
Featuring : A Besson - A Grange - P Goraguer
Eric Daniel aux Flâneries musicales de Reims / Thillois (51), le 24 juin.
Pour tout bagage : Airelle Besson (trompette), Eric Daniel (guitares, composition), Alain Grange (violoncelle), Patrick Goraguer (batterie), Alain Julien et Tony Verbicaro (vidéo).
Les Flâneries musicales de Reims battent leur plein. Ces vagabondages entre classique et jazz portent bien leur nom et, hier 24 juin, Éric Daniel y faisait entendre une musique de flânerie, entre jazz, folk et musique de chambre. S’il est l’un de ces guitaristes apparus dans les premières années 80 aux côtés des Marc Ducret, Malo Vallois, Philippe Deschepper et autres Serge Lazarévitch, il est n’est certes pas le plus connu. Au fil d’une carrière transversale qui l’a souvent tenu en marge de la scène jazz mais l’a vu aussi collaborer avec Éric Barret, Patrick Artero, Jean-Michel Pilc, François Chassagnite ou Simon Goubert, il a beaucoup travaillé sur l’image comme illustrateur sonore. Aussi, est-ce à travers un recueil de 28 scénettes musicales pour guitares (“Voyage en zigzag” The Composers Series/Cézame) qu’il a attiré l’attention de Francis Le Bras, directeur artistique pour la partie jazz. Ce dernier lui a proposé une création sur les images d’Alain Julien (dont les habitués du festival de jazz de Reims connaissent bien les images) et du réalisateur Tony Verbicaro.
Cette commande a été l’occasion pour Éric Daniel de réunir une formation d’une belle musicalité. Airelle Besson repoussant les frontières d’un terrain défriché par Kenny Wheeler, Patrick Goraguer jouant de la nuance, de la couleur et du toucher sans jamais laisser se corrompre son enracinement au tempo, Alain Grange enfin dont le violoncelle improvise vigoureusement tout en confirmant le penchant chambriste d’Éric Daniel, lui-même passant d’un médiator jazzy à des doigts en arpèges très folk. Création donc, avec des fragilités qui ne demandent qu’à se voir gommer à l’épreuve d’autres scènes, mais aussi contraintes de l’image et du montage tout au long d’une série de poèmes cinématographiques qui ne se seraient pas suffi à eux-mêmes, mais dont la complémentarité avec la musique ne s’imposèrent que dans trois jolies séquences : les deux premières dans un contrepoint image-musique décalé (l’une sur une danseuse en solo, l’autre en un chassé-croisé de pas autour d’une photo abandonnée sur un trottoir), la dernière avec un tourniquet de cartes postales représentant des musiciens et accompagnée d’une musique foraine étrange et néanmoins plus directement illustrative. On pourrait reprocher à ces images de brider une musique qui ne demande qu’à s’épanouir, à lâcher prise, à libérer ses jouages, hier trop cadrés par les impératifs de l’exercice imposé.
Franck Bergerot Jazz Magazine