“Voilà un bon quart de siècle qu’Éric Daniel promène ses longs doigts sur les scènes parisiennes. Car ce sont eux que l’on remarqua d’abord, pour leur facilité à jouer le grand écart sur le manche de la guitare, assimilant à leur manière l’héritage de la guitare moderne. Mais bien vite, la musicalité qui les anime nous captiva plus encore. On y lit une vive sensibilité affûtée à l’écoute des plus grands mélodistes du monde des pop songs (les Beatles, Joni Mitchell) et de ces libres penseurs du jazz moderne qui surent le mieux concilier risques de l’improvisation et lyrisme (Bill Evans, Keith Jarrett, Kenny Wheeler, Jim Hall). 

Après de nombreuses expériences dans le monde du jazz, mais aussi de la chanson, il a réuni un trio fort atypique : il y joue guitares électriques et acoustiques, Alain Grange en tient le violoncelle et François Laizeau la batterie et les percussions.

On devine la formule aux frontières de la musique de chambre. En cela, elle rejoint les préoccupations de nombreux jazzmen contemporains soucieux de combiner les compétences, le sens de l’initiative et l’élan rythmique développés à la pratique du jazz avec cet art de l’architecture musicale que nous ont laissé en héritage les grands compositeurs chambristes.

L’expérience de Grange et Laizeau dans les domaines du jazz moderne, comme du jazz, de la chanson et des musiques du monde garantit aux partitions malicieuses d’Éric Daniel aisance, fraîcheur, dynamisme. On se laisse volontiers entrainer par ces mélodies et ces contrepoints rêveurs comme l’Alice de Lewis Carroll à la poursuite de son lapin blanc.”

 

                                           

                                                                                                                                                               Franck BERGEROT - Jazz magazine